Yannick Haenel : Jan Karski

vendredi 4 décembre 2009, par Sylvette Dupuy

Gallimard, 2009, Folio

Mystère des itinéraires de lectures… En quinze jours, je relis Simone de Beauvoir (La Force de l’âge) qui m’entraîne vers Le lièvre de Patagonie de Claude Lanzmann . Je vois avec un ami le Ruban Blanc qui signale à mon attention Suite Française d’Irène Némirovski que j’avais complètement ignorée en son temps. Et j’emprunte à la bibliothèque Jan Karski sans savoir du tout de quoi cela parle. Je retrouve Claude Lanzmann, la Shoah, l’horreur de la guerre, et toujours la question du mal absolu.

Jan Karski n’est pas un personnage de fiction. C’était un messager de la Résistance polonaise à Londres. Il visitera de manière clandestine le ghetto de Varsovie afin de témoigner, d’aller crier à l’aide partout où il le pourra. « Qui témoigne pour le témoin ? » écrit l’auteur en exergue, citant Paul Celan. Le premier chapitre du livre retrace l’entretien de Jan Karski avec Claude Lanzmann pour le film Shoah. Et l’auteur insiste avec des accents durassiens sur l’urgence de raconter l’indicible, de prévenir les alliés, les juifs des autres nations de ce qui se prépare, et sur le choc que ressent Jan Karski devant l’horreur du ghetto où des gens meurent devant ses yeux. La deuxième partie est un résumé du livre de Jan Karski, Mon témoignage devant le monde . Et le troisième chapitre qui donne ainsi sa justification de « roman » est une fiction élaborée par l’auteur dans une langue superbe. Ainsi se clôt l’itinéraire de ce Juste. Je referme le livre, déterminée à revoir Shoah que j’ai enregistré en quatre cassettes.